Connue sous de nombreuses formes comme la “revitalisation” ou encore la “rénovation urbaine”, la gentrification est un phénomène qui se répand dans une grande partie des États-Unis. Pendant longtemps assimilé à la ville de Détroit, il concerne aujourd’hui une plus large zone du pays. La question est de savoir : quels sont les effets de la gentrification aux USA ? Comment le pays se porte-t-il aujourd’hui et s’agit de conséquences positives ou négatives ? Retour sur ce phénomène américain !
Qu’est-ce que la gentrification ?
L’origine du terme de gentrification provient des années 1970. Il correspond à l’embourgeoisement d’un quartier urbain populaire qui passe nécessairement par la destruction de certaines bâtisses, la transformation des espaces publics et un changement radical des différents commerces. Il est question de détruire et de réhabiliter de nombreux bâtiments et quartiers dégradés en produits haut de gamme.
Bien que l’idée de gentrification repose sur un concept de développement et de renouveau, beaucoup de personnes à faible revenus ont dû quitter leur logement pour être relogés dans des quartiers pauvres. Une grande majorité de ces personnes est notamment afro-américaine.
On parle souvent de gentrification américaine, mais il faut savoir qu’il s’agit d’une mesure mise en place dans de nombreux pays comme l’Angleterre, le Canada, le continent américain et une grande partie de l’Europe.
Comment la gentrification a changé les quartiers ?
La gentrification a été bénéfique pour une seule partie de la population. Bien que le renouveau soit en marche, beaucoup de mouvements de résidents ont été réalisés pendant ce processus de changement social.
L’idée de développer des quartiers sains pour attirer les habitants dans la gentrification n’a pas forcément eu l’effet désiré. Les conflits sont vite apparus à cause de la mixité sociale, et surtout la domination d’une certaine classe par rapport à une autre.
Si certains quartiers ont vu leur taux de criminalité baisser, d’autres ont vu leurs chiffres de vols et de vol qualifié augmenter. En effet, “chaque quartier gentrifié étudié avait des taux de criminalité indexés totaux supérieurs à la moyenne de leurs villes respectives“.
Quels sont les effets de la gentrification ?
La gentrification peut être vue d’un œil positif pour certains comme négatif pour d’autres. Cela dépend bien entendu de quel côté on se trouve. En effet, de nombreux quartiers populaires ont vu leur population littéralement transformée depuis. Voyons ensemble les véritables effets de la gentrification.
1. Le développement de l’économie locale
Certaines villes ont littéralement eu une seconde chance grâce à la gentrification. La ville de Détroit, par exemple, qui a dû déclarer sa mise en faillite en 2013. Depuis, de nouvelles populations viennent s’y installer, avec plus de moyens, des entreprises y fondent leurs sièges sociaux et les commerces renaissent. Dans l’ensemble, l’économie se relance et la ville renaît de ses cendres.
La plupart des infrastructures des quartiers gentrifiés laissent désormais place à l’investissement. Le taux d’occupation augmente et le marché de l’immobilier se remet en route.
Le mouvement est de plus en plus grand. Les gouvernements locaux sont donc les premiers à se satisfaire de ce type de processus.
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2. De nouveaux investissements
La gentrification est à l’origine de nombreux changements au niveau du marché de l’immobilier.
Tout d’abord, la construction de nouveaux logements a permis d’augmenter la valeur globale des terrains des quartiers. Les résidents et propriétaires déjà présents voient ainsi leur plus-value augmenter et peuvent s’assurer une revente élevée de leur habitation.
Le développement de nouvelles infrastructures permet aussi d’élargir les opportunités d’investissement. Les transports en commun, par exemple, ajoutent de la valeur aux quartiers qui rendent le centre-ville ou les grandes villes plus accessibles.
Toujours du côté des investisseurs, le phénomène de gentrification est à l’origine d’une hausse générale des prix de l’immobilier. Certaines banlieues deviennent alors de véritables mines d’or et sont prévues pour croître dans les prochaines années, promettant ainsi de fortes rentabilités pour des prix assez bas.
À Chicago, par exemple, “42 % des quartiers de Chicago ont connu une augmentation rapide des coûts de logement (une augmentation supérieure à la médiane régionale) entre 2000 et 2017“.
3. De nouveaux emplois
Le développement de nouvelles infrastructures a également amené l’élargissement de nouvelles opportunités. En effet, de nombreuses entreprises profitent des prix bas et du renouveau des villes pour y installer leurs sièges sociaux ou leurs entreprises. Il s’agit de laisser place à un secteur d’ouvriers pour accueillir les nouvelles technologies et les nouveaux emplois en plein boom comme ceux de l’immobilier, de la finance ou encore des assurances.
Les chiffres montrent un réel développement dans le type d’emplois qui sont désormais proposés aux résidents des nouvelles villes. À Chicago, il y a eu une nette augmentation de 1 443 emplois dans son quartier de Wicker Park. Ce qui est intéressant, c’est de voir que le secteur manufacturier a vécu un véritable déclin avec une perte de 7 800 emplois.
Ces emplois ont été remplacés par de nouveaux commerces avec une augmentation de 5 100 emplois dans le secteur des services locaux lors de la même période, plus de 1 000 emplois dans la santé, plus de 1 000 emplois dans le secteur de la restauration.
4. La gentrification des écoles
Bien entendu, l’arrivée des classes moyennes dans les nouveaux quartiers transformés de banlieues a également apporté du changement au niveau du système scolaire américain. Comme le montrent les chiffres, “sur environ 20 % des écoles urbaines situées dans des quartiers désaffectés en 2000, environ une sur cinq a connu une gentrification dans son quartier environnant en 2014“.
Cependant, ce n’est pas pour autant que les familles ont opté pour cette solution. Et pour cause, “la gentrification est associée à une baisse des inscriptions dans les écoles de quartier, en particulier lorsque les gentrificateurs sont blancs”. C’est donc un changement pas toujours positif qui est opéré du point de vue des écoles aux États-Unis.
Les effets de la gentrification ne sont pas toujours positifs
Certaines villes n’ont malheureusement pas eu le même succès face à ce phénomène de mouvement économique et social. À New York, par exemple, l’une des villes des États-Unis où les loyers et le coût de la vie sont les plus élevés, le changement est négatif.
Les habitants, même les classes moyennes et les familles, ont massivement fui la ville pour se diriger vers des villes plus abordables et plus reculées. Selon les estimations, “la population New-Yorkaise s’est réduite de 100 000 personnes entre juillet 2018 et juillet 2019 et ne compterait plus que 8,4 millions d’habitants“. Dans des quartiers tels que Brooklyn, la gentrification n’est pas vue d’un bon œil par les résidents. Ces derniers voient leurs loyers augmenter rapidement ou subissent des pressions par leurs propriétaires qui souhaitent les augmenter.
À San Francisco, les chiffres de migration de sa population afro-américaine sont inquiétants. Depuis 1964, la ville a vu sa population afro-américaine baisser de 13% à 6% aujourd’hui. Cela représente près de 40 000 personnes. Ce sont des mouvements humains de masse qui laissent malheureusement une certaine catégorie d’habitants sur le côté.
Quelles sont les conséquences de la rénovation à Harlem ?
Le quartier de Harlem de New York a connu de nombreux mouvements au fil des années. La population afro-américaine représentait près d’un quart de million d’habitants en 1930. Pourtant, à la moitié des années 1960, les tensions raciales explosent. Le maire de la ville, John Lindsay, lance une campagne de “guerre contre la pauvreté“. Les conflits sont plus présents que jamais et les résidents les plus aisés quittent les quartiers.
Les années 1990 marquent le début de la gentrification à Harlem. Les bâtiments abandonnés sont détruits pendant que des maisons de ville et appartements haut de gamme se construisent. C’est également l’arrivée des grandes marques économiques telles que Starbucks Coffee ou Path Market. En parallèle, d’autres commerces emblématiques de la population afro-américain disparaissent.
Les effets de la gentrification sont donc bien présents. De nombreux constructeurs immobiliers (comme l’université Columbia) ainsi qu’une classe plus aisée ont littéralement participé au processus de reconquête territoriale. Cela notamment en exerçant une pression financière, morale et culturelle sur les résidents locaux.
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